Dans l’univers physique, comme le dit Daniel Cohen : le monde est clos et le désir infini.
Dans l’univers digital, si le désir reste infini, le monde est quant à lui ouvert : en termes de ressources, puisqu’il n’y existe aucune limitation à l’extraction/utilisation des matières premières ; en termes d’exploitation humaine, puisqu’il n’y existe aucune loi ou éthique. La problématique du désir et de ses limites reste entière. C’est un jeu initiatique dont les marques peuvent se saisir.
Derrière ce mot Métavers, il existe deux formes de réalité, toutes deux empreintes de technologie.
Ce sont des mondes parallèles, avec leurs futures règles (coutumières), leurs hiérarchies (ceux qui créent et ceux qui suivent), leurs droits de propriétés (NFT), leurs monnaies (crypto-monnaies), leurs espaces (pervasifs ie sans frontière), leurs temporalités (persistantes, ils ne s’arrêtent jamais), etc… différents de ceux du monde réel.
Ces mondes virtuels sont construits à l’aide de logiciels (moteurs 3D Unreal ou Unity) et nécessitent la médiation d’un casque de réalité mixte (AR-VR cf. Oculus) ou bien d’un écran. Pour se concrétiser, ils auront besoin de la 6G (débits de 1 To/s ; capables de permettre l’arrivée des interfaces cerveau-ordinateurs), de puissances de calculs et de stockage embarquées dans des ordinateurs miniaturisés et inclus par exemple dans des lentilles de contact. Avant ces développements, ces univers resteront pour les 10 prochaines années encore, des espaces réservés aux initiés.
Les premiers bénéfices à court terme de ce genre d’univers 100% digitaux sont toutefois nombreux puisque que ces derniers restent des espaces virtuels : une imagination et un champ des possibles sans limite ; un caractère ludique ; un univers narratif où l’on se met en scène ; un espace d’engagement communautaire fort où des interactions et des transactions se produisent ; un champ vierge où une grammaire est à écrire, des règles à proposer, en un mot un lieu d’expérimentation.
La technologie y est invisibilisée, au sens où le grand public n’en prend pas conscience, malgré son caractère ubiquitaire.
Son fonctionnement : des acteurs de la technologie (GAFA/BATX) mettent sur le marché des interfaces (plateformes web, smartphones, assistants personnels), qui permettent à des individus de réaliser des transactions payantes ou non (biens, services, contenus…). Lorsque ces individus réalisent ces transactions, ces acteurs de la technologie collectent des données grâce à leurs interfaces, qu’ils vont valoriser (1st party et externes).
Ces données apportent deux bénéfices à ces acteurs : amélioration de l’expérience utilisateur des interfaces, et développement de nouveaux business. Sur ce dernier point, les données externes permettent d’identifier des pain points consommateurs qui donnent lieu à la création de nouvelles offres. Ces dernières sont ensuite agrégées sous la forme d’écosystèmes cohérents de type WeChat où plus d’un million de services sont proposés au sein d’une même App (Meta-App).
La force de ce Metavers hybride (Meta-App) est la capacité qu’il offre à ses usagers de simplifier leur vie quotidienne en prenant la main sur le monde physique, en le contrôlant grâce à une interface – eg. Doctolib ou sa version chinoise Guahao.
La logique addictive est ici encore plus forte en comparaison des mondes ou Métavers 100% digitaux. Dans les seconds, il est possible de se déconnecter. Dans le premier, la simplification qu’apporte la technologie empêche tout retour en arrière. Cette simplification est le fruit de la parfaite compréhension des besoins consommateurs tirés de l’analyse de la donnée.
« La force de ce Metavers hybride est la capacité qu’il offre à ses usagers de simplifier leur vie quotidienne en prenant la main sur le monde physique. »
Les bénéfices de ces mondes hybrides sont exceptionnels à tous points de vue mais ils demandent une révolution des systèmes d’aide à la décision au sein des entreprises. Ces dernières sont ainsi amenées à écouter leur consommateur au travers d’interfaces (bornes de commande retail, app smartphone, etc…), ou par l’analyse de la donnée externe/qualitative, issue notamment des réseaux sociaux.
Cela amène l’entreprise à construire et adapter son offre de produits et services sur la base de cette écoute. Cette logique implique une acculturation aux outils du big data (intelligence artificielle) et une agilité organisationnelle cross fonctionnelle. Elle demande également une capacité pour l’entreprise à faire reseter son business modèle en fonction de l’évolution des besoins consommateurs (enseignements tirés de la donnée).